Les articles commencent à sortir sur le sujet. Le « continuous pricing » ferait baisser le prix des billets d’avion. Vraiment ???
Depuis plus de 10 ans, les compagnies tentent de s’affranchir des coûts GDS (Global Distribution System), jugés exorbitants, pour migrer vers un nouveau format, le NDC (New Distribution Capability). Le vieux protocole EDIFACT des GDS a donc vocation à être petit à petit abandonné au profit d’une gestion interne des prix et de l’Inventaire, le NDC permettant aux compagnies aériennes d’abriter elles-mêmes leurs tarifs et de les distribuer plus librement.
Changement dans les classes tarifaires et impact sur les prix des billets
L’une des conséquences de ce changement est de s’affranchir dans le même temps des classes tarifaires. Écoutons David Keller :
« Aujourd’hui, dans le système EDIFACT, un même siège aérien est exposé à 26 tarifs différents, en fonction du moment où on le réserve. (…). On peut dire schématiquement que ces 26 tarifs correspondent aux 26 marches (qu’on appelle “classes”) d’un escalier ascendant ».
En effet, les très nombreux codes tarifaires des compagnies aériennes sont regroupés aujourd’hui en classes tarifaires de niveau de contribution homogène (qu’on appelle aussi des Yield Classes, Buckets ou classes de réservations). Il n’y en a pas forcément 26, mais on n’en est pas très loin généralement. La distance tarifaire de ces classes est globalement de 5% à 15% correspondant aux « marches d’escalier » dont il est question plus haut.
Bertrand Flory poursuit l’explication :
« Si aujourd’hui, je réserve mon billet alors qu’il quitte la classe où il coûtait 100, je le paierai 120. Avec NDC, je le paierai 102 ou 104 ou 112 ou, même, plus tard, 120, mais au moment ultime, avant qu’il ne passe à 122 (…). On a donc bien un prix du billet NDC inférieur ou égal à EDIFACT ».
Et pour enfoncer le clou, Aurélie Duprez d’AREKA Consulting affirme :
« On a mené un audit pour une entreprise du CAC 40 sur ses top routes en 2023. Dans 90% des cas, les billets NDC étaient moins élevés ou égaux aux billets EDIFACT ».
La réalité risque d’en faire déchanter plus d’un. Certes, il est possible qu’une partie des coûts de distribution GDS supportés aujourd’hui par les compagnies aériennes soit redistribuée demain aux clients sous forme de baisses tarifaires, notamment en phase de lancement. Mais l’explication avancée par Bertrand Flory paraît un peu fantaisiste. Il dit en substance que dans le fameux escalier tarifaire, une marche supérieure serait lissée sur un continuum de prix et conduira à une baisse tarifaire jusqu’à la marche inférieure. L’optimiste pense donc que la petite hausse serait en réalité une baisse.
Autrement dit, si 20 clients sont attendus à 100€, puis 10 autres à 120€, l’auteur considère que les 20 premiers payeront toujours 100€, mais le 11ème 102€ (au lieu de 120€), le 12ème 104€ (au lieu de 120€), etc.
Mais il est possible que le mécanisme s’opère différemment avec de petites hausses tarifaires appliquées sur la marche en cours et non pas en rétropédalage de la suivante. Autrement dit, dans notre exemple, le premier client pourrait payer 100€, puis le 2ème 101€ (au lieu de 100€), le 3ème 102€ (au lieu de 100€)… et le 20ème 119€ (au lieu de 100€ toujours). Soit plutôt de petites hausses tarifaires continues pour tous et non pas une baisse.
La gestion tarifaire sera assurée par les équipes du Revenue Management. Ils utiliseront le prix de la façon la plus pertinente pour eux. Sans doute d’ailleurs dans une moyenne contrôlée avec autant de hausses que de baisses sur des vols lambda, davantage de hausses sur les vols de pointe, plutôt des baisses sur les vols creux.
L’avenir nous le dira, même si ce sera difficile à évaluer pour l’observateur extérieur. Il n’y a que les compagnies aériennes qui sauront vraiment le mesurer car le nombre de billets proposés à la vente sur chaque niveau tarifaire n’est connu que d’eux seuls. Les relevés de prix ne seront pas suffisants pour en avoir une idée, aussi fréquents soient-ils.
Mais ne rêvons pas trop, les prix ne vont pas mécaniquement baisser tout le temps et pour tout le monde. Ce n’est pas le but recherché par ceux qui opteraient pour le « continuous pricing » et abandonneraient les classes tarifaires.
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